Nous sommes le Temple de l’Esprit

La femme que je suis, comme toutes les mères et les grand-mères, sait bien ce qu’est un corps. Le corps physique, mais pas seulement. L’enfant qu’elle met au monde est immédiatement un corps en relation. La mère qui voit grandir son enfant le voit peu à peu découvrir son propre corps et découvrir le monde et les personnes qui l’environnent.

Les mamans estiment aussi que leur enfant grandit bien vite, trop peut-être, il est dans un devenir permanent. Elles devinent ses émotions, s’interrogent sur ses raisonnements… bref la maman voit son enfant s’affirmer comme une personne unique !

Le chrétien a raison de prendre soin du corps et d’y porter une grande attention. Le corps est le chemin que Dieu a choisi pour se révéler à nous. Comme dit Saint Paul dans sa lettre aux Galates (4,5) : Il a pris corps dans une femme, « né d’une femme ». Comme nous, il a été corps de chair et corps social. Il est impressionnant de voir combien pour Jésus compte la santé du corps. Ses miracles, ses guérisons multiples, le rappellent abondamment. Non seulement il rend la santé physique mais il guérit aussi des maux du corps social et culturel. Il pardonne les péchés et réintègre les exclus dans la communauté humaine.

LE CORPS, TEMPLE DE L’ESPRIT

Nous venons de fêter l’Ascension et la Pentecôte. Jésus souffle sur ses apôtres et leur dit : « Recevez l’Esprit-Saint ». Et celui-ci descend dans une foule rassemblée, des « corps » venus à Jérusalem. Il en fait une seule communauté malgré les diverses origines (AC 1). La personne, le corps, qui reçoit le souffle devient Temple de l’Esprit. Saint Paul le dit clairement (1CO 9,19). Ainsi chacun peut mener sa vie « selon l’Esprit ». Cela se fait dans deux dimensions, physique et sociale. Physique dans la prière et ses différentes expressions, sociale ou culturelle par la pratique de la charité et les diverses manières de vivre l’amour de Dieu pour les autres.

Quand nous disons que le corps humain est animé, nous ne voulons pas dire seulement qu’il est un être pensant. Nous affirmons bien davantage, c’est l’Esprit de Dieu qui prend corps en lui. Il fait devenir chacun pleinement fils ou fille de Dieu. Jamais le Christ ne peut mépriser le corps. Toute atteinte à son intégrité est contraire à la Bonne Nouvelle qu’il annonce. Le Christ ressuscité est bien un corps au sens plein du terme. Les apôtres le reconnaissent, il est le corps qui a subi les coups, qui a été transpercé par les clous et la lance du centurion. Son corps ressuscité est bien son corps totalement transfiguré. Il est un corps qu’on ne peut retenir (JN 1, 17).

Paradoxalement après l’Ascension Jésus devient invisible. Ne cherchons pas à imaginer ce qu’il est devenu. Il est un corps physique devenu corps de gloire. La résurrection a donné à l’existence humaine sa pleine dimension. Il a atteint son but : il est entré dans l’éternité. C’est ce que chacun de nous est appelé à devenir, c’est la vocation de tout enfant qu’une mère met au monde. Donc, la femme qui met au monde un enfant l’engage sur un chemin spirituel. Quelle joie pour elle quand elle le voit faire ses premiers pas. Le voir se mettre debout, c’est aussi le voir relié à la terre et s’élançant vers le ciel. Le corps nous apprend que nous sommes appelés pour un devenir qui nous dépasse. La route spirituelle que chacun prend est aussi une route physique.

LA PENTECÔTE RAVIVE LA CONSCIENCE QUE NOUS EXISTONS GRÂCE À NOTRE CORPS

Peut-être pouvons-nous penser ici au lavement des pieds que Jean rappelle au chapitre 13 de son évangile. Fabuleux rappel que les pieds permettent d’avancer sur le chemin de la croissance spirituelle. La veille de sa mort Jésus lave les pieds de ses apôtres pour qu’ils réussissent le passage qui les engage à sa suite, le passage de la mort à la vie, de la vie sur terre à la vie éternelle.

La fête de la Pentecôte est pour chacun de nous l’occasion de raviver dans notre conscience la certitude que nous existons grâce à notre corps. C’est bien notre corps de chair qui est Temple de l’Esprit. Ce corps ne peut jamais être réduit à sa matérialité physique et à ses composantes biologiques. Il est tout entier transformé par la force de l’Esprit. Il transforme tout notre être ainsi que notre vie relationnelle et affective et il éclaire notre intelligence. Celui qui reçoit l’Esprit Saint comprend bien qu’il ne saurait être question de séparer le corps de l’esprit, le physique du spirituel, le corps de l’âme. L’Esprit Saint au contraire réalise notre unité : corps animé, esprit incorporé.

Mais que penser des corps malades ou handicapé ? L’Église a bien compris, et la confirmation des handicapés en est un signe fort, que la sainteté n’est pas liée  la santé physique ou psychique.  L’Esprit Saint communique un art de vivre qui permet à l’homme de conduire toute sa vie en mettant sa foi en Dieu. Pour conclure rappelons-nous ce que dit Ignace de Loyola dans son « Principe et fondement » : «L’homme est créé pour louer, respecter, et servir Dieu notre Seigneur et par là sauver son âme.»

PAR CORINNE FACQUEZ
Responsable du Service de la Catéchèse des Adultes

La résurrection a donné à l’existence humaine sa pleine dimension. Il a atteint son but : il est entré dans l’éternité.

Lavement des pieds Arcabas

C’est bien notre corps de chair qui est Temple de l’Esprit.