La liturgie nous fait entrer dans le temps de Dieu

La liturgie nous fait entrer dans le temps de Dieu

« Maintenant et pour les siècles des siècles », « maintenant et toujours », deux expressions présentes au cours de la messe. Le maintenant, l’aujourd’hui de nos liturgies est toujours associé à une dimension d’éternité qui n’a ni commencement ni fin, la liturgie nous fait entrer dans le temps de dieu.

La liturgie de l’Église est le mémorial de l’évènement salvifique de l’incarnation, de la mort et de la résurrection du Christ, évènement passé qui continue d’être présent au cours de la célébration. C’est le Christ qui donne son sens au temps, qui en récapitule les trois aspects (passé, présent, avenir) dans l’histoire du salut qui a son origine et son accomplissement en Dieu : « Au commencement était le Verbe, et le Verbe était auprès de Dieu, et le Verbe était Dieu » (Jn 1, 1), « Mais lorsqu’est venue la plénitude des temps, Dieu a envoyé son Fils, né d’une femme… » Ga 4, 4). Par le mystère de l’Incarnation, le temps de Dieu est entré dans le temps de l’homme : le Christ, le Verbe fait chair, est entré dans le temps de l’homme pour le faire
accéder à l’alliance éternelle. Le temps de Dieu trouve son accomplissement dans l’Incarnation et le mystère pascal, un espace-temps qui contient, non pas la période limitée d’une chronologie où se succèdent passé, présent et avenir, mais une réalité qui dépasse ces trois aspects pour les accomplir dans une même éternité. C’est cette réalité qui est rendue présente, qui est actualisée dans la liturgie. La liturgie est la célébration de l’Alliance qui se continue dans l’épaisseur du temps tout en l’irradiant et en le conduisant vers son accomplissement.

Au cours de la messe, le passé et le présent sont tournés vers l’avènement du royaume éternel. L’utilisation des trois temps de conjugaison le rend perceptible. L’acclamation d’anamnèse exprime ce mystère de la foi : « Gloire à toi qui étais mort (passé), gloire à toi qui est vivant (présent), notre Sauveur et notre Dieu, viens Seigneur Jésus ! (en attente du royaume éternel) ». Pendant l’Avent, les deux préfaces nous placent également dans l’attente de l’avènement glorieux du Christ en se référant au temps : « Car il est déjà venu, en prenant la condition des hommes, pour accomplir l’éternel dessein de ton amour et nous ouvrir le chemin de salut ; il viendra de nouveau, revêtu de sa gloire, afin que nous possédions dans la pleine lumière les biens que tu as promis et que nous attendons en veillant dans la foi. » (Préface I) ; « Il est celui que tous les prophètes avaient chanté, celui que la Vierge attendait avec amour, celui dont Jean Baptiste a proclamé la venue et révélé la présence au milieu des hommes. C’est lui qui nous donne la joie d’entrer déjà dans le mystère de Noël, pour qu’il nous trouve, quand il viendra, vigilants dans la prière et remplis d’allégresse. » (Préface II).

Au cours de l’Avent et jusqu’à la fête de l’Epiphanie, des crèches vont être installées dans les églises. La crèche est un moyen de vivre le sens de la Nativité. Au-delà de la représentation de la naissance de l’Enfant Jésus, elle inscrit le mystère de l’Incarnation dans le mystère pascal : « Un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire » (Lc 2, 12), comme la représentation de Jésus qui se donne déjà en nourriture « De même que le Père, qui est vivant, m’a envoyé, et que moi je vis par le Père, de même celui qui me mange, lui aussi vivra par moi. Tel est le pain qui est descendu du ciel » (Jn 5, 57). L’évènement passé, la naissance de Jésus, le Verbe fait chair, est présent dans notre aujourd’hui pour célébrer la nouvelle alliance et nous oriente « vers l’attente du second avènement du Christ à la fin des temps » (Normes universelles de l’année liturgique). La prière après la communion de la messe de minuit l’exprime : « Joyeux de célébrer dans ces mystères la naissance de notre Rédempteur, nous te prions Seigneur notre Dieu : Donne-nous de parvenir, après une vie toujours plus fidèle, jusqu’à la communion glorieuse avec ton Fils bien-aimé. Lui qui règne avec Toi et le Saint-Esprit maintenant et pour les siècles des siècles ».

L’actualisation sacramentelle continuée de l’incarnation de la Parole se réfère au temps de l’homme, la réalité est rendue présente pour lui être perceptible. Et elle se réfère au temps de Dieu en Jésus Christ. C’est la même réalité de l’accomplissement qui est perpétuée. « La liturgie actualise ainsi le passé dans le présent, pour instaurer l’avenir » (Dom Robert Le Gall, Dictionnaire de liturgie).

PAR ISABELLE BERTRAND LEGROS

POUR ALLER PLUS LOIN

« Célébrer l’année liturgique : entrer dans une autre signification du temps » sur le site www.liturgiecatholique.fr/Celebrer-l-anneeliturgique- entrer.html Un site Internet élaboré par les différents services de la CEF en lien avec plusieurs diocèses, des congrégations et des mouvements et associations, pour partager la beauté de la rencontre avec Jésus : http://noel.catholique.fr/

Au cours de la messe, le passé et le présent sont tournés vers l’avènement du royaume éternel.

CONTACTS

Isabelle Bertrand Legros

Responsable de la Pastorale
liturgique et sacramentelle (PLS)
pastorale-liturgique@diocese-amiens.com