Consentir

comment-feter-noel-autrement– « Qu’est-ce qu’on va encore leur acheter cette année ? Ils ont déjà tout ! »

– « Si on leur offrait de l’or, de l’encens et de la myrrhe ? »

– « N’importe quoi ! Et pourquoi pas des sourires, des fleurs et de belles histoires pendant qu’on y est ! »

Ce bref dialogue est un peu brutal et « peu réaliste » c’est vrai. Mais voyez-vous je craque…
Nous y voilà ! Nous sommes à Noël, cette époque de l’année où des mondes différents s’affrontent en moi.
Vais-je plutôt être de ceux qui, ligotés par la déesse Publicité et le désir de plaire à tout prix, vont entrer dans une surconsommation débridée ?

Vais-je rejoindre ceux qui, par obligation à cause d’un budget limité ou par conviction et engagement personnel, vont choisir la simplicité ?

Suis-je de ceux enfin qui attendent, étonnés et démunis, avec une vraie confiance, Celui qui a décidé de s’incarner, avec pour seul désir celui de transformer la vie en Vie ?

A travers de nombreux accompagnements, en prenant le temps de la relecture des événements, je suis témoin que chacun peut « annoncer » de bonnes nouvelles : un bébé vient de naître ; une personne malade est bien entourée et soignée ; une famille immigrée a enfin obtenu ses papiers et un toit ; un jeune a réussi un examen et trouvé un emploi ; une grande joie à partager…

Chacun a des occasions de se réjouir et de « célébrer » avec d’autres ces bonnes nouvelles, on remercie ou on rend grâce, on s’invite pour le repas, pour partager le verre de l’amitié ou juste pour le bonheur d’en parler…

Chacun a au fond de lui le « goût du service » et du partage dès lors qu’il se sent reconnu, espéré, attendu et finalement aimé tel qu’il est.

Viennent alors le temps libéré généreusement pour les autres, la bonté et l’écoute bienveillante… et la découverte de milliers de frères et sœurs de partout qui nous sont donnés de surcroît.

Annoncer, célébrer, servir…Quel étonnement de lire dans notre quotidien l’œuvre du Seigneur !et sa puissance de Vie 

Mais au même moment à travers le monde  s’élèvent les cris des hommes à bout de forces face à la guerre, les persécutions, les exodes et les difficultés pour tout simplement vivre… et avec eux l’expérience cruelle de notre impuissance ! Dans le monde politique, les divisions. Dans les familles, les tensions…

Dans nos villes, l’extrême pauvreté, l’exclusion, la faim, la vie ou la mort dans la rue sont encore et toujours un scandale. L’inconscience, l’insouciance et l’égoïsme des nantis et des puissants sont un scandale plus grand encore.

Découragement, envie de baisser les bras et de fuir… Incompréhension : elle est où la Bonne Nouvelle ?
Je vous partage mes deux cadeaux de Noël, deux paroles reçues ces jours-ci pour tenir bon :

  • Lignes extraites d’un journal d’une religieuse en mission dans les quartiers périphériques de Marseille :

« Un jour, j’étais si malade que j’ai eu envie de dire « laisse tomber, la route est finie ». Alors, dans ma pensée ont surgit ces millions de frères de partout et de toujours, qui attendaient en suppliant mon « oui » à la vie, afin que l’espérance continue. Je me suis levée. Effort inouï … Sentiment de la puissante action de Dieu qui nous dépasse, comme un océan emporte une goutte d’eau ; vibration qui met dans une paix profonde et dans un état d’offrande. J’y consens et j’offre, en communion avec tous mes frères, l’acceptation de cette puissance […]  Consentir aux autres. Consentir à ceux que je sens hostiles. Consentir à Toi, comme Tu as consenti à Pierre, à Jean, à Judas. Si Ta présence ne m’était pas donnée, il ne me serait pas possible de consentir, je voudrais fuir.[…] Je t’offre aujourd’hui mon acquiescement humble et un peu tremblant. »

  • Une parole de notre évêque : « Le cœur du cœur de notre foi est le mystère pascal ».

Et si on transformait la fin de ma petite histoire ?

« Oui, qu’il vienne ce sourire d’Enfant, qu’elle tombe sur chacun cette ‘pluie de roses’ de ses grâces et qu’Il revivifie notre histoire sainte !

Viens, Seigneur Jésus, nous t’attendons !

Martine Durand