Un carême de prière et de compassion.

Un carême de prière et de compassion.

« Seigneur, qu’attends-tu de moi pour ce carême ? » Ces 40 jours de marche vers l’intense jaillissement de la joie pascale, se fait prière. A peine sortis d’une pandémie pénible, nous voilà pris dans les tourments d’un conflit armé qui nous affecte tous… et pas seulement les voisins ukrainiens de nos quartiers, car il y en a et nous partageons leurs angoisses et leur désarroi. Il nous faudra vite nous demander comment les aider.

« Notre Église est l’Église des saints » (Bernanos). Chacun de nous est appelé à emprunter plus profondément le chemin de sainteté qui lui est propre, en fidélité à l’amour de Dieu notre Père. Il nous voit dans le secret. Jésus nous rappelle trois moyens traditionnels : prier intensément, choisir l’ascèse et donner de soi. Avec discrétion et humilité certes, mais aussi avec détermination et fidélité, sans médiocrité ni tiédeur.

Le carême est un temps magnifique. Un temps pour choisir Dieu. Un temps pour aimer et servir davantage. Un temps pour s’appauvrir en vue d’être riche de Dieu. Un temps pour pardonner, extirper la violence de nos vies. Un temps de fraternité. Un temps pour prier avec ferveur, seul et avec toute l’Église. Un temps paradoxalement rude et joyeux.

Les moyens ne manquent pas. Ils s’en inventent de nouveaux chaque année ! Très tendance, par exemple, l’application Exodus90, version homme ou version femme (celles-ci étant dispensées de douche froide !). Dieu nous rejoint par les trouvailles de notre temps.

Ne nous y trompons pas. Le carême doit nous décentrer et non nous lancer dans quelques performances ou aventures narcissiques. Il s’agit de s’ouvrir plus à Dieu et aux autres, de prier davantage et d’avoir un cœur de compassion, d’être solidaires et de sortir de notre zone de confort. A quoi sert par exemple de se priver seulement du trop-plein de nourriture de nos placards, quand près de 10 millions de français ont recours à la banque alimentaire ou autre réseau d’aide ? Partage ta nourriture, tu auras l’air moins bête, dans ton effort de privation, qui a aussi toute sa valeur !

« Qu’attends-tu de moi, Seigneur, en ce carême ? » Commence par une décision : oui, je veux emprunter cet exigeant chemin de joie. Je suis membre bien-aimé d’une Église, dont la mission est de porter au monde la miséricorde du Père, l’Amour de Jésus crucifié, qui paie de sa vie pour que l’homme vive. Quel appel ! Quelle responsabilité ! Quel honneur ! Qu’il serait idiot de lésiner sur le don de notre personne. La joie pascale est la magnifique et éternelle récompense.

Bon carême à tous.

+ Mgr Gérard Le Stang
Évêque d’Amiens

Le carême est un temps magnifique. Un temps pour choisir Dieu. Un temps pour aimer et servir davantage.

Un temps pour s’appauvrir en vue d’être riche de Dieu.