Tremblement de terre.

Tremblement de terre.

Le rapport de la CIASE fait l’effet d’un tremblement de terre. Le sol se dérobe sous nos pieds. Le vertige nous prend. Désarroi, colère, honte. Tout s’est effondré. Nous sommes effondrés. Comment tout cela a pu arriver ? Le lendemain, le jour se lève. Et maintenant, que faire ? Revoir les plans et reconstruire.

Avant tout, rendre acte : ce rapport était nécessaire. Il faut le lire, ou au moins prendre connaissance de son contenu. Laisser résonner en nous ces vies brisées par le mal fait par des hommes d’Église, prêtres et religieux en majorité, mais aussi religieuses et laïcs. Le lire, pour comprendre le mal commis, et en garder mémoire. Puis partant de l’attention aux personnes victimes, aux enfants et aux jeunes, envisager l’avenir. Pour l’Église mais aussi pour la société car les 300 000 victimes sont mêlées au 5 millions de mineurs agressés sexuellement en France au cours des 70 dernières années. Effrayante comptabilité. Elle ne dédouane en rien l’Église, au contraire : elle aurait dû alerter, accompagner, dénoncer, agir autrement, au nom de sa foi, de l’amour du Christ pour les tout-petits. Elle a failli par trop de crimes. Trop de silence.

Ce rapport ne raconte pas que des faits divers : il parle de notre Église, de ce que son organisation a produit, de ce qu’elle doit imaginer pour retrouver sa raison d’être en ce monde. Il part de la vérité, vérité cruelle. Il la met à jour, pour qu’elle soit assumée, dans une honte qui conduit au relèvement de ce qui nous déshonore, au refus de toute justification, et au courage de l’action.

Nous pouvons mêler les réflexions inspirées par ces événements à notre démarche synodale entre octobre et février. Dans ses interventions diverses, Mr. Sauvé ne remet pas en cause le ministère des prêtres, ni le célibat, ni la mission de l’Église dans ce monde. Mais il propose de les vivre autrement. Cette réflexion rejoint celle du Pape François et de bien d’autres. Prenons-en notre part.

Il nous faut aussi prier, avec compassion, mais sans nier ce que l’Église nous a permis de vivre durant les 70 dernières années. Le bon grain et l’ivraie sont mêlés. Le Trésor de la foi est un tel don ! La Parole de Dieu est si engageante ! Le dépouillement et la purification qui nous sont imposés, vivons-les dans la prière, le jeûne et la pénitence. Dieu nous invite à bâtir sur le roc de son amour. Le reste peut s’effondrer, sans regret, ni crainte.

+ Gérard le Stang
Évêque d’Amiens.