Les états généraux de la bioéthique.

Les Etats Généraux de la Bioéthique.


Ces états généraux, débutés en janvier 2018, ont pour objectif d’éclairer sur les avancées scientifiques et techniques concernant la Bioéthique, en vue de la révision de la loi prévue pour la fin de l’année 2018. Le site Internet du Diocèse propose de « réfléchir ensemble pour éveiller nos consciences ». « Fenêtres Ouvertes » ouvre ses colonnes pour un premier aperçu des enjeux de ces débats.

 

Depuis 1994, la gratuité et l’anonymat des dons, ainsi que l’indisponibilité du corps constituent trois principes fondamentaux des lois de bioéthique françaises. Ces principes doivent-ils s’adapter aux questions nouvelles posées par la science et portées par une partie de la société ou, au contraire, demeurer des garde-fous intangibles ?

Les sujets en question.

 Sans entrer dans le détail qui est accessible sur beaucoup de sites Internet, ni prendre position, nous proposons d’en faire une liste (non exhaustive) et de rappeler la position de l’Eglise.

La PMA (procréation médicalement assistée) qui était réservée aux cas d’infertilité pathologique,  est revendiquée pour les couples de femmes ou les femmes seules (notion nouvelle « d’infertilité sociale »). Ce serait le passage d’une médecine qui soigne à une médecine qui satisfait une demande d’enfant. « Faire un enfant » deviendrait un droit.

Pour l’Eglise, il s’agit d’un acte de violence contre l’unité de la personne humaine qui disjoint la fécondation biologique et la parenté sociale.

La GPA (gestation pour autrui) est, aux termes du code civil, une convention nulle. Elle désigne le fait, pour une femme, de porter un enfant pour le compte d’un couple tiers. Cette pratique implique « l’usage » du corps d’une femme et donc l’exploitation du corps d’autrui. Elle pose d’importants problèmes éthiques : le trafic d’enfants qui fait l’objet d’un business ; l’esclavage contemporain des femmes (les plus pauvres au profit des plus riches); la dignité de l’enfant (à qui est refusé l’investissement psychique et affectif de la mère).

Pour l’Eglise, la GPA est une offense à la dignité de l’enfant et son droit à être conçu, porté,  mis au monde et éduqué par ses propres parents.

           La numérisation des données de santé. Stockées sur des serveurs, elles se trouvent ou se trouveront entre les mains d’opérateurs privés qui pourront les commercialiser mettant à bas le secret médical. La révélation d’une pathologie pourrait alors avoir des conséquences catastrophiques pour l’individu concerné, vis-à-vis d’un employeur ou d’un organisme de crédit par exemple. Mais d’un autre côté, grâce à ces données, la médecine de demain pourrait être préventive, prédictive et ultra-personnalisée.

Pour l’Eglise, cette pratique risque de consacrer une perte d’humanité jusque dans notre vie privée.

           La recherche sur l’embryon. Totalement interdite en 1994, elle a fait l’objet de diverses autorisations sous conditions en 2004. Elle a notamment permis des avancées dans le traitement des insuffisances cardiaques, des maladies ophtalmologiques et le diabète. Mais la loi interdit la création d’embryons pour la recherche de même que le clonage. Le risque est de ne voir l’homme que comme le résultat de réactions chimiques et de ne considérer le corps humain que comme un simple matériau.

Pour l’Eglise, l’embryon humain vivant est, à partir de la fusion des gamètes, un sujet humain qui a droit à sa propre vie.

           Le Diagnostic préimplantatoire (DIP) repose sur l’utilisation de l’assistance médicale à la procréation comme moyen d’éviter la naissance d’enfants atteints de maladies héréditaires graves et incurables (mucoviscidose, chorée de Huntington, dystrophie myotonique). Avec le danger de développer l’eugénisme libéral et ses possibilités de sélection.

Pour l’Eglise, la maladie ou le handicap font partie de la condition humaine. Et la DPI porte atteinte à la dignité humaine en faisant de l’embryon un matériau de laboratoire.

           Le diagnostic prénatal, notamment l’échographie obstétricale et fœtale, a pour but de détecter « in utero » chez l’embryon ou le fœtus une affection d’une particulière gravité, et principalement la trisomie 21, anomalie chromosomique la plus fréquente. Si les parents ont un immense besoin d’être rassurés sur l’état de santé de leur bébé, la question majeure est celle de l’acceptation du handicap dans la société.

Pour l’Eglise, si on élimine l’idée de défectuosité, on se place dans une position de sélection des enfants à naître. Le diagnostic anténatal devrait avoir pour seule finalité la prise en charge des anomalies détectées.

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Bien d’autres sujets sont à l’ordre du jour de ces débats (L’euthanasie, Les intelligences artificielles, L’utérus artificiel). « Fenêtres Ouvertes » les exposera dans son prochain numéro.

Daniel Caron