« Jésus fut dans l’admiration »

« Jésus fut dans l’admiration » (Luc 8,9).

Avec Jésus, je voudrais vous dire combien je suis dans l’admiration devant la disponibilité des prêtres du diocèse. Ils répondent à l’appel de la mission. Avec leurs forces et leurs fragilités, ils disent oui. Encore une fois cette année, tous ceux que j’ai appelés à une nouvelle nomination l’ont accepté. Je voudrais vous partager mon émerveillement. Ils ne sont évidemment pas parfaits, mais que ces vies données sont belles.

Je suis admiratif quand pendant trois jours la Maison diocésaine est « envahie » par 180 personnes du secours catholique qui échangent, se réjouissent, réfléchissent et prient pour devenir « tous acteurs » (accompagnés et accompagnants). L’Église avec et pour les pauvres grandit. Je voudrais vous partager mon émerveillement. Elle n’est pas parfaite, mais que cette Église est belle.

Je suis admiratif quand je vois des baptisés répondre à l’appel du monde, essayer de réfléchir aux enjeux de la vie et de la dignité de la personne humaine au cœur du monde. Je pense par exemple au Mouvement Rural de la Jeunesse Chrétienne ou aux Associations familiales Catholiques qui, à une semaine d’intervalle, ont organisé des rencontres que l’on pourrait croire étrangères mais qui pourtant sont habités par le même désir d’un monde pour tous. Je voudrais vous partager mon émerveillement. Aucun mouvement n’est parfait, mais comment ne pas voir la beauté de ceux qui s’engagent au nom de leur baptême.

Je suis admiratif quand le lis le cahier synodal. Beaucoup d’insatisfactions et d’attentes, bien-sûr. N’oublions pas aussi que nous ne sommes qu’au milieu du gué et que le travail n’est pas fini. Mais que d’espérance et de « zèle pour l’Évangile de la paix » et de la fraternité (Ep 6,15). Je voudrais vous partager mon émerveillement. Aucune proposition n’est parfaite, mais nous ne soupçonnons pas la beauté de ce que l’Esprit Saint a fait et continue de préparer à travers tout cela.

Je suis émerveillé. Dans le même temps, il y a aussi de vrais sujets d’inquiétude. Nous avons beaucoup de mal à renouveler un certain nombre d’équipes de conduite pastorale, malgré des appels nombreux répétés.  Des jeunes demandent à découvrir l’Évangile mais, dans certains lieux, on ne trouve plus d’animateurs pour l’aumônerie de l’enseignement public ou la pastorale dans l’enseignement catholique. Les répondants de village sont de moins en moins nombreux, les équipes deuils s’amenuisent, certaines équipes de préparation aux sacrements s’épuisent. L’avenir financier du diocèse s’avère tendu.

Pourtant je ne suis pas inquiet. Notre diocèse est en mouvement. Il se laisse travailler par l’Esprit Saint. Le travail des équipes synodales en est l’expression. Ce travail se poursuivra lors de l’assemblée synodale : elle sera un lieu de créativité, d’inventivité pastorale. Elle n’aura pas peur, en travaillant ce qui lui a été transmis, de confirmer certaines propositions assez élaborées ou d’ouvrir des perspectives nouvelles.

Cela exige aussi que nous soyons chacun personnellement et ensemble toujours en chemin.

 Nous voilà convoqués plus que jamais à cette aventure de la sainteté, forte et fragile, que le Saint Père évoque dans sa dernière exhortation apostolique, La joie et l’allégresse.

« Dieu est toujours une nouveauté, qui nous pousse à partir sans relâche et à nous déplacer pour aller au-delà de ce qui est connu, vers les périphéries et les frontières. […] Dieu n’a pas peur ! Dieu n’a pas peur ! Il va toujours au-delà de nos schémas et ne craint pas les périphéries. Lui-même s’est fait périphérie. » (§ 135).

« Laissons le Seigneur venir nous nous réveiller, nous secouer de notre sommeil, nous libérer de notre inertie. » (§ 137). Le synode a bien cet objectif !

 « N’aie pas peur de la sainteté. Elle ne t’enlèvera pas les forces, ni la vie ni la joie. C’est tout le contraire, car tu arriveras à être ce que le Père a pensé quand il t’a créé et tu seras fidèle à ton propre être. » (§ 32)

Devenir saint, ce n’est pas prétendre devenir un surhomme (cf. § 50) , mais c’est laisser la fraîcheur de l’Évangile irriguer toute notre vie et tout notre être, fragilités (cf. § 15) et épreuves comprises. C’est la « sainteté de la porte d’à côté » (§ 7), celle des petits détails du quotidien, de la tendresse et de l’amour (§ 143-145) comme celle des grandes décisions. C’est la sainteté de l’endurance, de la patience et de la douceur (§ 112-121), celle de la joie et de l’humour (§ 122-128), celle de l’audace et de la ferveur (§ 129-139).  C’est la sainteté dans sa dimension intime d’union au Seigneur (§ 147-157), comme dans sa dimension sociale et communautaire (§ 140-146). Une sainteté de combat, de vigilance et de discernement aussi (§ 158-176). Bref la sainteté des Béatitudes (§ 63-109).

L’avenir de notre diocèse est là. C’est seulement dans la grâce du Dieu trois fois saint que nous saurons nous retrousser les manches, et oser la vie qui se donne.

« N’aie pas peur de viser plus haut, de te laisser aimer et libérer par Dieu. N’ai pas peur de te laisser guider par l’Esprit Saint. La sainteté ne te rend pas moins humain, car c’est la rencontre de ta faiblesse avec la force de la grâce. Au fond, comme disait Léon Bloy, dans la vie « il n’y a qu’une tristesse, c’est de n’être pas des saints » (§ 34).

« Demandons à l’Esprit Saint d’infuser en nous un intense désir d’être saint pour la plus grande gloire de Dieu et aidons-nous les uns les autres dans cet effort. Ainsi, nous partagerons un bonheur que le monde ne pourra nous enlever » (§ 177).

 

+ Olivier Leborgne
Évêque d’Amiens

Notre diocèse est en mouvement. Il se laisse travailler par l’Esprit Saint. Le travail des équipes synodales en est l’expression. Ce travail se poursuivra lors de l’assemblée synodale : elle sera un lieu de créativité, d’inventivité pastorale. Elle n’aura pas peur, en travaillant ce qui lui a été transmis, de confirmer certaines propositions assez élaborées ou d’ouvrir des perspectives nouvelles.