Homélie de la Saint-Firmin 2017

La question n’est pas de savoir quand. L’important n’est pas de savoir si j’ai répondu à l’appel dès le matin, à la neuvième heure, vers midi ou trois heures de l’après-midi, voire vers cinq heures.L’important n’est pas de savoir si c’était à la naissance, il y a dix ans ou il y a quelques jours. La question n’est pas de soupeser le mérite, de mesurer l’intelligence, d’évaluer les forces, de calculer la rentabilité, ou que sais-je encore. L’important, ou plutôt l’essentiel, est que d’avoir dit oui.

Il y a des petits mots qui changent la vie. Il y a des oui effleurés ou irréfléchis qui semblent ne pas engager grand-chose. Il y a des oui qui, consciemment ou non, font basculer une vie.

Frères et sœurs, depuis combien de temps n’avez-vous pas dit à Jésus que vous l’aimiez ? La question est tout sauf mièvre. Je me souviens d’un pécheur de Galilée, brut de brut de décoffrage, aussi généreux qu’impulsif, qui par trois fois répondit à celui qui l’interrogeait : « Seigneur, toi tu sais tout, tu sais bien que je t’aime. »

Dire « oui », dire « je t’aime », c’est bien plus que donner une information. Ce sont des paroles qui font ce qu’elles disent et qui nous transforment. Ce sont des paroles qui nous disposent à recevoir ce qui veut nous être donné. Aux ouvriers de la première comme de la dernière heure, Dieu ne vient rien donner d’autre que lui-même. Il veut se donner comme source, souffle, élan, salut, plénitude.Dieu se donne, notre oui en est la clé d’accueil. Par ce oui, le don de Dieu se déploie en nous.

Alors que nous entrons en synode, alors qu’ensemble nous voulons discerner ce que le Seigneur veut pour son Église dans la Somme, je veux vous demander, à chacun : es-tu prêt à redire oui à ton baptême ?
Cela peut résister en nous et être le lieu d’un vrai combat spirituel. La situation que vous vivez est peut-être si difficile que vous ne comprenez plus et que votre foi en est ébranlée. Dire ou redire oui risque aussi d’ouvrir les portes sur la nouveauté – Dieu est toujours nouveau – qui parfois fait peur.
Et pour que le oui soit vrai, pour qu’il s’inscrive à l’horizon de toujours il faut être déterminé à le dire chaque jour… Êtes-vous prêts, aujourd’hui, à rechoisir le Christ Seigneur, Jésus lui-même, comme votre sauveur ? Êtes-vous prêt, dans la conviction qu’il ne pourra jamais vous tromper, à lui dire « je t’aime » ? Pas « je comprends tout et je suis à l’aise avec tout dans la foi, dans l’Église ou le monde », mais « j’accepte de me laisser aimer par toi Seigneur, viens faire ton œuvre d’amour en moi, et donne-moi la joie de t’aimer et d’aimer » ? Acceptez-vous, ce matin, de redire oui à ce baptême par lequel Dieu, par Jésus et dans l’Esprit, vous a tout donné, à commencer par les frères et sœurs qui sont là, et qui sont L’église qu’il veut vivre avec vous pour le monde ?

L’enjeu de ce oui est capital. « Pour moi, vivre c’est le Christ », déclarait Saint Paul dans la deuxième lecture de ce jour. Le Christ est la plénitude de notre vie. C’est pourquoi le Christ ne peut pas être une option. Le Christ est la plénitude de l’homme,c’est pourquoi nous ne pouvons le taire.

Nous entrons en synode. Seul un véritable oui à notre baptême nous dispose à la puissance de l’Esprit Saint. C’est en lui que nous entendrons les attentes profondes de nos contemporains, leurs besoins et les lieux où Dieu nous appelle, nous précède et nous attend. Seul un oui profond à notre baptême nous donnera la liberté et l’audace d’inviter au Synode. Et de proposer l’Évangile. « L’amour du Christ nous presse » (2 Co 5,14). Il nous rend dépositaires d’une responsabilité amoureuse, sociale
et politique au cœur du monde. En priorité avec les plus pauvres et les plus démunis.

Nous entrons en synode parce que nous aimons le monde, et que nous voulons l’aimer comme Jésus et avec Jésus, dans le souffle de l’Esprit.
Dire ou redire « oui », dire ou redire au Seigneur « je t’aime », c’est nous ouvrir au don que Dieu va nous faire les uns par les autres, c’est en poser l’acte de foi.

Pour construire l’avenir de notre diocèse, je vous confie cette question que nous allons poser ensemble au Seigneur : l’Évangile a de l’avenir dans la Somme, bon maitre, que nous faut-il faire ?

Où cela nous mènera-t-il ? Je n’en sais rien. « Mes pensées ne sont pas vos pensées, et vos chemins ne sont pas mes chemins » disait le Seigneur dans la première lecture. L’inouïe de ce oui, de ce « je t’aime », est qu’il va nous faire entrer dans ces pensées et ces chemins de Dieu, souvent autres et tellement au-delà de ce que nous imaginons. C’est qu’il va nous faire marcher ensemble aux pas de Dieu, vibrer au rythme de son cœur. C’est qu’il va nous donner de discerner sa volonté pour notre diocèse et notre terre de Somme, de comprendre cette volonté, de l’aimer, de nous y engager, et de le traduire en actes concrets.

L’Évangile a de l’avenir dans la Somme, parce qu’il est l’avenir de l’homme. Christ est la plénitude de l’homme. « Cherchez le Seigneur tant qu’il se laisse trouver » disait encore le prophète Isaïe.

L’important n’est pas de savoir quand, si c’était hier, il y a 10 ans ou dans notre enfance, l’essentiel est de redire oui à Jésus. De nous ouvrir à l’inouïe de la Révélation et à l’immensité du don de Dieu,et de dire à Jésus, Christ et Seigneur, de tout notre être : « je t’aime ».

Nos vies et la vie du diocèse pourraient en être renouvelées et bouleversées. Que le Seigneur soit béni !

+ Mgr Olivier LEBORGNE
Évêque d’Amiens

Alors que nous entrons en synode, alors qu’ensemble nous voulons discerner ce que le Seigneur veut pour son Église dans la Somme, je veux vous demander, à chacun : es-tu prêt à redire oui à ton baptême ?

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