Liberté chérie

Liberté chérie

 « C’est pour que nous soyons libres que Christ nous a libéré » déclare Saint Paul dans sa lettre aux Galates (5,2).

Être libre est un défi. La liberté ne saurait résider dans la dernière idée qui vient, la pulsion qui me traverse ou l’envie-caprice qui me tient.  Parfois déguisés sous le manteau d’une certaine forme de générosité, il y a des chemins que nous croyions avoir pris librement et nous ne découvrons qu’après que cela n’était pas si clair, pas si juste, voire qu’il n’en était rien.

Comme il est difficile de dire « je » en profondeur et en vérité. Être libre. C’est parfois si exigeant. Comment ne pas comprendre, face à l’incertitude de la vie, dans un monde fatigué de ne plus savoir où aller, que certains se réfugient dans les prêts à penser idéologiques ou religieux ou se referment dans un univers restreint, sans risque majeur apparent  mais sans horizon? Qui d’entre nous n’a pas rêvé à un moment de sa vie que quelqu’un lui dise que penser d’une situation ou quelle décision prendre face à un événement ?  Et en assume lui-même les conséquences…

Comme il est difficile d’écouter librement, sans plaquer sur l’autre nos représentations ou nos expériences, sans le couper parce qu’une idée nous vient ou que nous ne sommes pas d’accord.

Le synode est une aventure de liberté. Cela ne veut pas dire qu’il ne se construit à partir de rien. Notre source est l’Évangile reçu dans la tradition de l’Église. « Héritiers de Dieu, cohéritiers avec le Christ » écrit encore Saint Paul (Rm 8,17). Nous ne sommes pas nés de nulle part. Nous sommes nés d’une histoire, de relations, et ultimement de Dieu. Dans la gratitude profonde de ce que Dieu a donné, nous nous ouvrons aujourd’hui à ce qu’il donne et à ce qu’il nous donne.

Alors sommes-nous libres pour oser le synode ? Un certain nombre de questions surgissent au moment de proposer le synode à des personnes moins habituées (ou pas habituées du tout !) à nos assemblées dominicales : ne vais-je pas les déranger ? ne serait-ce pas du prosélytisme ? … nous savons que ces questions en cachent d’autres : mais que va-t-on penser de moi ? Je suis chrétien, mais je n’ai pas envie d’être catalogué comme « catho » … La foi ne serait-elle pas une affaire privée, je ne suis pas à l’aise avec l’idée de mission ? Pourquoi le spirituel devrait-il avoir une dimension communautaire et sociale ? Ou encore : on me dit l’Esprit Saint parle par les baptisés, mais est-ce si sûr ? Et de toutes les façons, ça changera quoi ? Finalement, suis-je d’accord pour prendre le risque de ce baptême reçu il y a peu ou longtemps ?

Je rencontrais récemment une personne qui a lancé une équipe synodale dans son village : 120 habitants, 15 personnes dans cette équipe synodale ! Elle me rapportait la joie des participants de pouvoir prendre la parole librement dans une vraie fraternité, d’être écoutés sans jugement, de pouvoir poser leurs questions, parler de Jésus, partager leurs attentes vis-à-vis de l’Église, et de marcher ensemble. Une autre personne, un peu connue dans son quartier, a visité toutes les maisons de sa rue. Et plus de la moitié des personnes s’est laissée tenter par l’aventure. Ou encore cet assistant social qui vient de lancer une équipe synodale avec trois autres de ses collègues.

En ce début de synode, je demande au Seigneur pour notre Église l’éternelle jeunesse de la Pentecôte. Que l’Esprit de liberté (2 Co 3,17) soit pour chacun libération concrète et effective. Que cela commence par l’audace de prendre le risque de votre baptême. Et pourquoi pas, alors,  d’inviter simplement – j’ai de très nombreux témoignages de la force de la simplicité – mais avec conviction, bref librement, à participer au synode diocésain.

+Olivier Leborgne
Evêque d’Amiens

En ce début de synode, je demande au Seigneur pour notre Église l’éternelle jeunesse de la Pentecôte. Que l’Esprit de liberté (2 Co 3,17) soit pour chacun libération concrète et effective. Que cela commence par l’audace de prendre le risque de votre baptême.