La miséricorde avec Saint-Luc

En route vers l’amour retrouvé ! … En lien avec le parcours diocésain en 9 étapes, Soeur Jeannine Harvengt, responsable du Centre spirituel Saint-François de Sales, vous propose un itinéraire spirituel accompagné de quelques pages de Luc : lecture, redécouverte, prière, partage et mise en route dans nos vies. Le but : que de nombreuses petites cellules de personnes de tous bords puissent se mettre ensemble autour de la Parole de Dieu. Sur les chemins, dans les maisons ! Nous le croyons : la Parole de Dieu porte toujours fruit, c’est une chance de vie !

Fiche N° 8 :

On se met au vert ! Entre sabbat[1] et montagne.
Célébrons le Seigneur cet été, allons à Lui !

1.     Le sabbat dans deux livres du Pentateuque, de la Torah.

Dans le décalogue (les ‘dix’ paroles …) en Ex 20 et Dt 5, il est question du jour pour Dieu. La parole concernant le sabbat articule les deux versants du décalogue : le Seigneur et l’homme. Le sabbat : une ligne de crête !

En Ex 20, les auteurs, de tradition sacerdotale vraisemblablement, se réfèrent à Gn 2, 1-4, à la fin du récit de la création en 7 jours, qui se présente comme une liturgie largement déployée, un poème, rythmé  par le refrain ‘il y eut un soir, il y eut un matin, et Dieu vit que cela était bon’ ; ‘très bon’ au 6ème jour !

Gn 2, 01 Ainsi furent achevés le ciel et la terre, et tout leur déploiement.

02 Le septième jour, Dieu avait achevé l’œuvre qu’il avait faite. Il se reposa, le septième jour, de toute l’œuvre qu’il avait faite. 03 Et Dieu bénit le septième jour : il le sanctifia puisque, ce jour-là, il se reposa de toute l’œuvre de création qu’il avait faite.04 Telle fut l’origine du ciel et de la terre lorsqu’ils furent créés.

Ex 20, 01 Alors Dieu prononça toutes les paroles que voici : 02 « Je suis le Seigneur ton Dieu, qui t’ai fait sortir du pays d’Égypte, de la maison d’esclavage. …

08 Souviens-toi du jour du sabbat pour le sanctifier. 09 Pendant six jours tu travailleras et tu feras tout ton ouvrage ; 10 mais le septième jour est le jour du repos, sabbat en l’honneur du Seigneur ton Dieu : tu ne feras aucun ouvrage, ni toi, ni ton fils, ni ta fille, ni ton serviteur, ni ta servante, ni tes bêtes, ni l’immigré qui est dans ta ville. 11 Car en six jours le Seigneur a fait le ciel, la terre, la mer et tout ce qu’ils contiennent, mais il s’est reposé le septième jour. C’est pourquoi le Seigneur a béni le jour du sabbat et l’a sanctifié.
En Dt 5, 6-21, d’une autre tradition rédactionnelle, le sabbat est davantage vu sous l’angle de la sortie d’Egypte, libération de l’esclavage.

Dt 5, 06 « Je suis le Seigneur ton Dieu, qui t’ai fait sortir du pays d’Égypte, de la maison d’esclavage. …

12 Observe le jour du sabbat, en le sanctifiant, selon l’ordre du Seigneur ton Dieu. 13 Pendant six jours tu travailleras et tu feras tout ton ouvrage, 14 mais le septième jour est le jour du repos, sabbat en l’honneur du Seigneur ton Dieu. Tu ne feras aucun ouvrage, ni toi, ni ton fils, ni ta fille, ni ton serviteur, ni ta servante, ni ton bœuf, ni ton âne, ni aucune de tes bêtes, ni l’immigré qui réside dans ta ville. Ainsi, comme toi-même, ton serviteur et ta servante se reposeront. 15 Tu te souviendras que tu as été esclave au pays d’Égypte, et que le Seigneur ton Dieu t’en a fait sortir à main forte et à bras étendu. C’est pourquoi le Seigneur ton Dieu t’a ordonné de célébrer le jour du sabbat.

Ces deux versions du décalogue commencent par l’affirmation de l’identité du Seigneur Dieu qui libère ;  Ex et Dt recommandent de faire mémoire de cet événement fondateur. Les deux textes parlant d’un jour de repos, sabbat en l’honneur du Seigneur ton Dieu, étendent largement ce repos ; en effet, les deux citent l’immigré –l’étranger, le non-juif –  et même … des animaux qui doivent aussi se reposer! Le décalogue, en Ex 20, souligne le repos de Dieu ou plus précisément, selon Gn, que Dieu, en confiance, se retire, met en liberté sa création au 7ème jour ; le texte du Dt 5 oriente davantage vers la libération de l’esclavage.

Donc, brièvement, quelques aspects du sabbat : faire mémoire, se souvenir du Dieu libérateur. Ainsi le sabbat est intimement lié au salut opéré par Dieu. Célébrer, bénir, sanctifier, libérer. Célébrer le sabbat n’est pas se plier à un rituel intangible et contraignant, c’est accueillir l’intention divine de mettre au large toute la création, de donner un espace de liberté et de repos à tous ceux – y compris les bêtes – qui travaillent pendant six jours ! C’est, pour chacun des fidèles, prendre un temps d’arrêt, de repos pour se laisser délier de ce qui coupe des sources de la vie, y compris parfois l’esclavage du travail, et la course à l’argent, cette idole dévorante si nous lui laissons le champ libre ! La célébration du sabbat induit une manière de vivre les six autres jours ! Le sabbat, en définitive, est un enracinement de paix du cœur et entre frères, de mise en liberté, de bénédiction, de bienveillance et de célébration de la miséricorde du Seigneur pour son peuple et … pour tous, pour chacun dans ses relations avec la création tout entière. Car certains esclavages imposés à la nature le sont aussi à des hommes qui en subissent les mortelles retombées[2] ! Sabbat pour entrer progressivement dans un chemin de conversion qui fasse du croyant un amant de son Dieu et son prochain comme soi-même. Même si de nombreux interdits se sont peu à peu ajoutés, en Ex 20 et Dt 5, nous sommes assez loin des prescriptions qui nous heurtent, voire qui provoquent chez nous un haussement d’épaules !

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[1] Je m’en tiens à quelques pages de Lc ; en Lc, sabbat et montagne sont largement présents.
[2] Voyons Laudato Si, du pape François.

SOEUR JEANNINE HARVENGT,
RESPONSABLE DU CENTRE SPIRITUEL SAINT-FRANÇOIS DE SALES