L’histoire du Diocèse

Le diocèse d’Amiens est créé vers la fin du IIIe siècle, au temps des premiers missionnaires venus évangéliser le nord de la Gaule.

Notons, pour le diocèse, Saint Quentin, les Saints Fuscien, Victoric et Gentien, et un peu plus tard, Saint Firmin. Traditionnellement, c’est ce dernier qui est retenu comme étant le premier évêque d’Amiens.

Les invasions barbares, du IIIe au Ve siècle, nous condamnent à ignorer ce qui concerne le diocèse à cette période. Notons seulement la construction, au lendemain de la paix constantinienne, d’une cathédrale dédiée à Notre Dame ; elle est édifiée sur le tombeau de Saint Firmin, à Abladène, colline de l’actuel quartier Saint Acheul d’Amiens.

Si les villes sont les premières christianisées, le paganisme perdure dans notre région jusqu’à la fin du VIIe siècle. Ce sont essentiellement les ermites-missionnaires (la plupart originaires d’Outre-Manche) qui évangélisent les campagnes, tels Saint Valéry et Saint Riquier. Les groupements érémitiques qu’ils forment sont à l’origine, le plus souvent, des fondations d’abbayes dans le diocèse : Saint Valéry et Saint Riquier, mais aussi Forest-Montiers ou Corbie, pour ne citer que les plus influentes.

Loin de subir le temps qui passe, l’Eglise apparaît comme une entité solide et active : rôle politique d’abbés et évêques (citons, au temps de Charlemagne, les abbés Adhalard de Corbie et Angilbert de Saint Riquier, l’évêque d’Amiens, Jessé), force de la Foi chrétienne, et organisation stable de l’Église permettent à cette dernière de résister et de contribuer à atténuer les rudesses féodales des Xe et XIe siècles, notamment par les « Trêves de Dieu ».

La carte du diocèse de nos jours

aux XIIe et XIIIe siècles, apparaissent en Picardie de nouvelles formes de vie religieuses : chanoines réguliers, cisterciens et prémontrés s’implantent dans le diocèse. Les grands monastères vieillissants s’effacent alors devant de petits monastères moins peuplés, pauvres et austères, libérés de toute charge politique. Citons les abbayes cisterciennes de Valloires (1137) et du Gard (1139), le chapitre séculier de l’église Saint Martin de Picquigny (1066), et autres abbayes de dames (Berteaucourt en 1095). La plupart du temps, ce sont les seigneurs du lieu qui prennent l’initiative de ces fondations, comme, dans le même temps, ils prennent une part active aux croisades.

A la fin du XIe siècle, Pierre l’Ermite, qui serait né dans le diocèse d’Amiens, prêche la première croisade. Wallon de Sarton, chanoine de Picquigny, ramène alors de Constantinople un fragment important du chef de Saint Jean-Baptiste. La relique fait son entrée solennelle dans la cathédrale d’Amiens le 17 décembre 1206. Notons encore, en lien avec les croisades et les ordres des Templiers et de Saint Jean, la fondation de commanderies telles celles d’Abbeville, Domart, Oisemont, Éterpigny et Fieffes.

Le XIIIe siècle est, quant à lui, un siècle de richesse, à la fois économique, artistique, intellectuel et religieux : il voit la construction de la cathédrale que nous connaissons aujourd’hui, l’apogée du chapitre canonial organisé en quartier autour de la cathédrale, la création de nouveaux monastères dans le diocèse.

Les siècles suivants, marqués par la Guerre de cent ans, sont une démonstration du rôle politique à nouveau joué par les évêques et abbés du diocèse. Si la Picardie -et le diocèse d’Amiens- est un des principaux centre de cette guerre, il n’en est pas de même pour la Réforme protestante qui suit. Bien que terre natale de Calvin, les réformateurs s’y montrent plus humanistes que protestants véritables. La petite noblesse est la plus ouverte à la Réforme ; le clergé, au contraire, s’en défend. Les guerres de religion qui éclatent au XVIe siècle, ne touchent pas le territoire picard, hormis quelques événements très locaux.

La Contre-Réforme catholique, mise en place au concile de Trente (1545-1555 et 1559-1563) et destinée à remédier aux maux causés par la décadence religieuse, insiste sur la formation, surtout celle des clercs. Ainsi, le 28 février 1604, par lettres patentes, Henri IV autorise l’établissement d’un collège de jésuites à Amiens. Un séminaire est ouvert en 1624, mais ses débuts sont très difficiles, comme dans tous les diocèses de France d’ailleurs. En 1687, sous l’épiscopat de Mgr Faure (1653-1687), le séminaire paraît bien établi. La prédication de Vincent de Paul également, qui arrive à Folleville en 1617, permet de réveiller les consciences religieuses dans les campagnes.

Aux XVIIe et XVIIIe siècles, les évêques, à l’aide d’un clergé renouvelé qu’ils savent diriger, apportent au diocèse une action religieuse continue et profonde ; le diocèse traverse alors, sans trop de heurts, la crise janséniste et la révocation de l’Édit de Nantes.

La Révolution française porte un coup autrement plus dur au diocèse : refusant de prêter serment, Mgr de Machault s’exile à Tournai. Il est remplacé en 1791 par un évêque constitutionnel, Mgr Desbois de Rochefort. Les prêtres insermentés doivent à leur tour s’exiler ; certains parviennent à se cacher, d’autres sont exécutés. Le Concordat de 1801, avec Mgr de Villaret, permet de rétablir l’entente entre pouvoirs civil et religieux, entente mise à mal à la fin du XIXe siècle. Les lois anticléricales aboutissent en effet à la loi de séparation de l’Église et de l’État du 9 décembre 1905. Puis la Grande Guerre, durant laquelle deux tiers des églises de l’Est du diocèse sont détruites, est suivie de l’œuvre de reconstruction morale et matérielle animée par le grand évêque venu de Lille, Mgr Charles-Albert Lecomte. C’est le 23 décembre 1924 qu’est créée l' » Association diocésaine d’Amiens « , en accord avec l’Église de France et le Pape Pie X.

Au XXe siècle, le diocèse est en constante évolution, à l’image de l’Église de France : regroupement des séminaristes à Reims depuis 1962,  » Pastorale d’ensemble  » initiée par Mgr Stourm et développée Par Mgr Leuliet, remaniement des paroisses en 1999.