L’eucharistie, mémorial de la mort et de la résurrection du Christ

L’eucharistie, mémorial de la mort et de la résurrection du Christ

« Faites cela en mémoire de moi. » Mémoire, mémorial, anamnèse, une réalité souvent difficile à concevoir et à mettre en œuvre. La liturgie de l’Eucharistie nous offre le chemin pour y accéder.

A chaque Eucharistie nous célébrons le mémorial de la mort et de la résurrection du Christ, avec les éléments, les actions et les paroles qu’Il nous a laissés. L’évangile de Saint Luc (Lc 22,19) et la lettre de Saint Paul aux Corinthiens (1Co 11,24) rapportent cette prescription du Christ « Faites cela en mémoire de moi », donnée lors de l’institution de l’Eucharistie. Saint Paul développe la notion de mémorial dans la suite de son texte : « Ainsi donc, chaque fois que vous mangez ce pain et que vous buvez cette coupe, vous proclamez la mort du Seigneur, jusqu’à ce qu’il vienne » (1Co 11,26). Et nous nous le proclamons dans l’anamnèse à chaque Eucharistie : « Nous proclamons ta mort Seigneur Jésus, nous célébrons ta résurrection et nous attendons ta venue dans la gloire ».

Célébrer le mémorial, et non un simple souvenir

Faire mémoire est un acte qui est présent dans l’Ancien Testament. Dans le Livre de l’Exode, lors de la révélation du nom de Dieu dans l’épisode du buisson ardent, Dieu dit à Moïse : « C’est là mon nom pour toujours, c’est par lui que vous ferez mémoire de moi, d’âge en âge » (Ex 3,15). Jésus reprend cette même expression en instituant l’Eucharistie « Faites cela en mémoire de moi ». Faire mémoire est donc un acte cultuel qui s’inscrit dans le temps (faire mémoire d’âge en âge), qui se réfère à un évènement passé, dont on célèbre l’actualisation en attendant son accomplissement en plénitude à la fin des temps.

Il ne s’agit pas d’un simple souvenir qui serait évoqué et mis en scène pour ne pas oublier comme c’est le cas pour un évènement historique. Il ne s’agit pas d’une cérémonie de mémoire au cours de laquelle l’évènement serait ré-évoqué et la scène serait rejouée pour faire revivre les faits et les sensations des protagonistes dans un souci d’hommage et d’honneur. L’Eucharistie est l’actualisation du mystère central de la foi : la donation d’amour de Jésus jusqu’en sa mort, et l’acte par lequel Dieu l’a ressuscité[1]. Il ne s’agit pas de vibrer au souvenir de ce Dieu a fait pour nous, il s’agit de vibrer à l’actualité de notre célébration, nouvelle action qui réalise ce que le Christ nous a dit de faire en mémoire de lui dans l’offrande du sacrifice eucharistique.

La liturgie pour célébrer le mémorial

Les quatre verbes de l’institution de l’Eucharistie (prendre le pain, rendre grâce, le rompre, le donner) sont mis en œuvre en quatre actions liturgiques qui se succèdent tout en étant dissociées au cours de la célébration. A la présentation des dons le prêtre prend le pain et le présente à Dieu ; au cours de la prière eucharistique il rend grâce ; au rite de la fraction il le rompt ; puis il le donne à la communion. Il ne s’agit donc pas de mimer les paroles du Christ, ce qui réduirait la distance entre la Cène il y a deux mille ans et notre célébration. Il s’agit de faire mémoire du mystère pascal et d’offrir au Père le corps et le sang du Christ comme les paroles du prêtre le signifient : « Faisant ici mémoire de la mort et de la résurrection de ton Fils, nous t’offrons, Seigneur, le pain de la vie et la coupe du salut, et nous te rendons grâce, car tu nous as choisis pour servir en ta présence » (PE II).

La mise en œuvre des quatre actions qui se succèdent doit être soignée pour que l’ensemble de l’assemblée les distingue et s’y associe. « Par la fraction du pain et la communion, les fidèles, aussi nombreux soient-ils, reçoivent d’un seul pain le Corps du Seigneur et d’une seule coupe le Sang du Seigneur, de la même manière que les Apôtres les ont reçus des mains du Christ lui-même » (PGMR 72c). En veillant à commencer le rite de la fraction après le geste de paix et à l’accompagner du chant de l’Agneau de Dieu (qui démarre donc en même temps) les conditions sont offertes à l’assemblée de participer activement au mystère célébré. Et de même que c’est le Christ qui a donné le pain et le vin aux Apôtres, c’est le prêtre et les ministres de la Communion qui donnent, qui distribuent la communion. Ainsi nous ne prenons pas nous-même l’hostie, elle nous est présentée et donnée. De même, lors de la communion sous les deux espèces, le Sang du Christ est présenté et nous buvons directement au calice, signe que nous le recevons. C’est pour cette raison que la PGMR[2] précise que pour la communion par intinction « le prêtre prend une hostie, la trempe en partie dans le calice, et la montrant au communiant, dit : “le Corps et le Sang du Christ” » (PGMR 287). L’habitude qui a été prise de laisser le communiant tremper lui-même l’hostie dans le vin consacré ne manifeste pas la dimension de don reçu.

« Faites cela en mémoire de moi. » Le prêtre dit ces paroles au moment de la consécration. « Par ces paroles et les actions du Christ s’accomplit le sacrifice que le Christ lui-même a institué à la dernière Cène » (PGMR 79d). Par ces paroles et les actions du Christ présent dans la personne du prêtre, s’accomplit le sacrifice du Christ dans l’aujourd’hui de notre célébration. « Il est grand le mystère de la foi ».

[1] Paul DE CLERCK – Dans vos assemblées – Ed. Desclée – 1989.

[2] Présentation Générale du Missel Romain

PAR ISABELLE BERTRAND LEGROS

POUR ALLER PLUS LOIN

 

Du bon usage de la liturgie
Guide Célébrer n°4 –
ÉditionCerf – 1999 –

Disponible à la librairie « Le monde de Théo »
Maison diocésaine St-François de Sales

Les quatre verbes de l’institution de l’Eucharistie en quatre actions liturgiques.

CONTACTS

Isabelle Bertrand Legros

Responsable de la Pastorale
liturgique et sacramentelle (PLS)
pastorale-liturgique@diocese-amiens.com