Homélie de Mgr Leborgne pour la fête de la St-Firmin

St firmin 2015

 Homélie de Mgr Olivier LEBORGNE

Dimanche 27 septembre – Saint Firmin 2015 – Une fête de famille !

Nous avons donc voulu que cette fête de la saint Firmin 2015 soit sous le signe de la famille.

La famille, « ça réchauffe et ça pique » me disait un ami. La famille, avec ses richesses et ses fragilités. La famille éducatrice de fraternité, la famille lieu de violence aussi parfois. La famille des promesses tenues – et elles sont nombreuses, sans quoi la famille ne serait pas invoquée comme la réalité fondatrice par tant et tant. Mais aussi la famille des désillusions, parfois déchirées, décomposées.

« Les âmes des justes sont dans la main de Dieu ; aucun tourment n’a de prise sur eux. Aux yeux de l’insensé, ils ont paru mourir ; leur départ est compris comme un malheur et leur éloignement, comme une fin : mais ils sont dans la paix. Au regard des hommes, ils ont subi un châtiment, mais l’espérance de l’immortalité les comblait. » Ce que décrit l’auteur du livre de la sagesse (1ère lecture) s’éclaire pleinement en Jésus. Notre espérance n’est pas l’illusion d’une vie sans difficulté, mais la certitude fondée sur la vie même de Jésus, que Dieu se rend présent à toute épreuve pour la traverser avec nous et en changer le signe : ce qui semble dire son dernier mot dans la mort ou l’échec devient le lieu du passage de la vie plus forte que la mort. Au cœur de toute réalité, la plus abimée soit‐elle, l’Esprit Saint vient nous faire la grâce de la résurrection pour qu’avec le Christ nous marchions vers la plénitude de la vie du Père, c’est‐à‐dire vers la vraie vie. Cette espérance est parfois vécue dans la joie sensible du renouvellement, d’un chemin de vie inattendu dans une histoire de mort, d’une porte qui s’ouvre dans l’impasse, d’un jaillissement nouveau qui renouvelle en nous l’énergie, le désir d’aimer, la recherche de la vérité et la joie. Elle est parfois aussi aride, peut‐être même âpre, quand elle se vit de nuit, sans signe immédiatement accessible. Mais elle se donne toujours, dans l’union avec le Christ.

Dans le souffle de cette espérance chrétienne, je voudrais évoquer deux bonnes nouvelles pour la famille et pour toutes les familles. Quelle que soit notre manière de vivre la famille, heureuse ou douloureuse, simple ou compliquée, tant celle dont nous sommes issus que celles à l’origine de laquelle beaucoup d’entre nous sont. Nous sommes tous concernés.

La première bonne nouvelle, c’est que Dieu fait confiance à la famille. Famille, Dieu te fait confiance. Familles, Dieu vous fait confiance. Dans un monde où la famille est malmenée, il me parait capital de réentendre cela : Dieu fait confiance à la famille. Dans des vies bousculées où on peut vite ne pas se sentir à la hauteur, il me parait capital de réentendre cela : Dieu fait confiance à la famille. Cette confiance n’est pas beaux sentiments. Elle ne reste pas extérieure. Elle est engagement de Dieu lui‐même. Sacramentellement d’abord. Et c’est le chemin habituel que Dieu désire prendre pour dire à la famille la confiance qu’il a en elle. Mais pas seulement. Dieu est tellement plus imaginatif que nous pour rejoindre tous et chacun. Famille, quoi que tu vives, ne l’oublie jamais : Dieu te fait confiance. Il y a là un appui et une source inépuisable. Et comme j’aimerais que notre Église diocésaine soit à la hauteur de cette confiance de Dieu pour accompagner toutes les familles. Famille, Dieu te fait confiance. Ne l’oublie jamais. Appuie‐toi dessus. Tu le comprends, cette confiance veut te donner l’audace de la vérité et de la charité, la force de ne pas te résigner et de te relever quand cela est nécessaire. Car cette confiance n’est pas une idée, elle est quelqu’un : Jésus‐Christ. N’oublie pas de le prendre chez toi, d’aller boire à sa source. Et quand bien‐même tu serais le seul chrétien(ne) de ta famille, elle est aussi pour toi cette confiance. Et par toi, dans le silence, elle rayonnera et diffusera vers ceux que tu aimes.

Se profile alors la deuxième bonne nouvelle que le Christ est pour la famille. Toute famille peut devenir un lieu d’expérience de la résurrection. Je crois même que c’est sa vocation. Et je dis bien toute famille : celles qui paraissent « sans problèmes » (à vrai dire, je n’en connais pas, même si les problèmes traversés par les familles ne sont pas tous du même ordre, et que certains sont plus destructeurs que d’autres), comme celle qui semblent empêtrées dans des difficultés. Elle est là, justement, l’espérance chrétienne : dans la mort, la vie. Nous avons raison de réagir quand il nous semble que cette cellule irremplaçable d’humanité qu’est la famille est attaquée, mais plus encore il nous faut nous engager pour que la résurrection sans cesse offerte soit expérimentée. Je vous donnerai, à la fin de cette célébration, une lettre pastorale. J’y évoque l’année de la miséricorde et propose 4 attitudes : le langage de la bénédiction, la correction fraternelle, le pardon effectif et les œuvres de miséricorde. « Nous savons que nous sommes passés de la mort à la vie parce que nous aimons nos frères » dit Saint Jean (1 Jn 3,14). La miséricorde est toujours une expérience de résurrection. Le Jubilé de la miséricorde commencera dans nos familles.

La famille sera alors le principal acteur de l’évangélisation (il me semble que c’est une conviction du Pape François). « Allez dans le monde entier. Proclamez la bonne nouvelle à toute la création », disait Jésus dans le passage de l’évangile de Marc que nous avons entendu il y a quelques instants. Famille, Dieu te fait confiance. Dans cette confiance qui est quelqu’un, le Ressuscité lui‐même, il fait de toi le premier lieu d’expérience de la résurrection. Tu as tout pour être missionnaire !

MGR Olivier Leborgne